CÔTES (géomorphologie)

CÔTES (géomorphologie)
CÔTES (géomorphologie)

Les rivages sont les lignes le long desquelles s’effectue le contact entre les masses solide, liquide et gazeuse du globe terrestre. On emploie le terme de côtes plus particulièrement pour les rivages des mers et des océans.

Si les côtes constituent, pour beaucoup de groupes humains, les limites de leur espace géographique, elles sont, pour d’autres, une ouverture vers le reste du monde. Pour les peuples industriels et commerçants, c’est une possibilité de relations avec les clients lointains; pour les peuples pêcheurs, c’est l’accès à une part importante de leurs subsistances; pour d’autres peuples, longtemps fermés sur eux-mêmes, c’est par là qu’ils reçoivent un nouvel élan ou un nouveau défi.

Le passage du milieu terrestre au milieu marin ne peut pas s’opérer n’importe où: la «rupture de charge» ne peut se faire qu’à la faveur de dispositions naturelles ou artificielles, de ports dont l’abondance et les capacités sont très variables d’une côte à l’autre: ni les côtes trop abruptes (pays de Caux), ni les côtes trop basses (Landes de Gascogne) ne sont riches en ports naturels. Les qualités des côtes sont d’ailleurs diversement appréciées selon le niveau technique du peuple qui les utilise; certaines, propices à l’établissement de multiples petits ports (côte du Léon), se prêtent mal à l’installation de grands ports modernes; par contre, des côtes totalement rebelles à tout aménagement modeste (côtes à barre d’Afrique occidentale) peuvent recevoir de grandes installations portuaires.

Ainsi, l’utilisation des côtes par les divers groupes humains, si elle est fonction de certaines dispositions naturelles, reflète surtout l’aptitude des hommes à en profiter. La variété typologique des côtes constitue pourtant le point de départ de l’étude de leurs aménagements.

C’est le long des côtes que les phénomènes énergétiques propres à la surface de contact (ou interface ) entre la mer et l’air se heurtent aux terres émergées et s’y dissipent dans l’exercice d’une action morphogénétique. Selon l’énergie à dissiper et les modalités de la résistance des terres, le façonnement des côtes se fait très différemment, ce qui explique la grande variété des types de côtes, certains étant plutôt déterminés par la nature et la vigueur de l’action marine, d’autres plutôt par les particularités de l’obstacle terrestre. La variété des types de côtes se traduit par une extrême diversité des aspects que peut prendre le trait de côte , et le vocabulaire employé pour le décrire est à la fois complexe et précis, de sorte qu’il convient de l’utiliser à bon escient.

1. La notion de côte

La côte n’est pas seulement le contact de la terre et de la mer: le fond de l’océan répondrait aussi à cette définition. Ce qui caractérise la côte, c’est la présence d’un troisième élément, l’atmosphère, qui joue ici un rôle fondamental parce que l’énergie de la mer est, pour l’essentiel, le fait de mouvements ondulatoires qui se produisent le long de l’interface eau-air.

Ces mouvements ondulatoires (houles ou marées) et les déplacements d’eau qui en sont la conséquence renferment en effet une énergie considérable, et c’est la dissipation brutale, quasi instantanée, de cette énergie qui façonne les côtes selon des processus qui n’ont d’équivalent ni au fond des mers ni sur le continent.

Les processus mécaniques qui agissent sur le façonnement des côtes sont variables et discontinus, et leurs effets sont parfois contradictoires. Ceux d’entre eux qui sont d’origine météorologique sont, de plus, imprévisibles. La morphogenèse côtière en tire ses caractères de discontinuité, souvent de réversibilité, parfois d’imprévisibilité, qui la rendent si déconcertante et quelquefois si spectaculaire.

Or ces brutales consommations d’énergie, engendrant des phénomènes morphogénétiques généralement rapides, affectent une bande côtière qui, dans l’immense majorité des cas, n’est que depuis peu dans cette situation littorale: l’océan a atteint son niveau actuel il y a seulement cinq ou six mille ans, et partout où les mouvements particuliers du continent n’ont pas annulé ou renversé le mouvement relatif, c’est un modelé continental qui a été partiellement submergé, et soumis ainsi à une morphogenèse littorale. Ailleurs, où le soulèvement du continent (le plus souvent par le jeu de l’isostasie postglaciaire) a plus que compensé l’élévation du niveau de l’océan, ce sont des terres autrefois submergées qui sont aujourd’hui en position littorale. Dans l’un ou l’autre cas, l’action actuelle est beaucoup plus vigoureuse que l’action passée, et une morphogenèse violente et chaotique succède à une morphogenèse modérée et régulière: à des phénomènes lents, qui n’étaient puissants que par leur durée et leur continuité, se substituent des phénomènes brefs mais brutaux, efficaces mais parfois réversibles.

Le contraste est encore accentué par le fait qu’immédiatement derrière le trait de côte continuent généralement à dominer les paisibles phénomènes continentaux; mais l’important n’est pas la coexistence actuelle de deux styles morphogénétiques différents: la côte est essentiellement le lieu où des paysages façonnés par des styles morphogénétiques qui étaient caractérisés par une action progressive affectant toute une aire sont transformés par une morphogenèse d’un tout autre style, énergique, discontinue, et n’intéressant qu’une bande relativement étroite.

Si le contact entre mer, terre et air est, en principe linéaire – et défini avec un certain arbitraire par la notion de trait de côte –, la définition morphologique de la côte doit s’étendre à toute la bande dans laquelle les processus morphogénétiques sont substantiellement altérés par la proximité de la convergence des interfaces. La bande côtière comprend donc une avant-côte , ou prélittoral, région submergée en permanence, mais où les mouvements ondulatoires et les courants alternants engendrés au contact de l’air et de l’eau exercent encore une action sensible sur le fond, et une arrière-côte , parfois appelée sublittoral, dans laquelle les processus morphologiques subaériens sont modifiés de façon appréciable par la proximité de la mer.

L’avant-côte

L’avant-côte, au sens strict, désigne la bande où se déposent les sédiments littoraux: devant une plage de sable, c’est la région sur laquelle s’étendent, vers le bas, les mouvements migratoires alternatifs qui caractérisent la dynamique des plages de sable (selon l’état de la mer, les mêmes particules vont et viennent entre le haut de plage et le bas de l’avant-côte); devant une côte rocheuse, c’est la limite inférieure de l’accumulation prédominante des débris arrachés à la côte et transportés par saltation ou roulage sur le fond; devant une côte à marais, caractérisée par l’accumulation de la vase dans les zones abritées, c’est toute la région dans laquelle l’abri est assez bien réalisé pour que, par des profondeurs médiocres qui ailleurs seraient sableuses ou caillouteuses, il se dépose des vases, peut-être appelées à être ultérieurement incorporées à la côte proprement dite (par exemple, dans l’anse de l’Aiguillon en Vendée).

L’arrière-côte

L’arrière-côte est beaucoup plus difficile à définir, parce que, si les mouvements de sédiments directement liés à l’action de la mer ne s’étendent pas très loin vers l’intérieur des terres (quelques dizaines de mètres au maximum, pour les projections de galets par gros temps derrière les cordons de galets les plus exposés), la morphogenèse subaérienne est modifiée par la proximité du littoral sur de bien plus grandes largeurs, et souvent l’influence de la mer décroît progressivement, sans qu’on puisse fixer une limite précise. Il faut cependant inclure dans l’arrière-côte l’ensemble des étangs de barrage et des marais qui leur sont associés, puisque leur présence ne s’explique que par la construction, par la mer, du cordon qui les ferme à l’aval (fig. 1). Les estuaires aussi en font partie, non seulement jusqu’à la limite d’action des marées, mais même au-delà lorsque la diminution de pente liée à la proximité de la mer entraîne des submersions étendues et des divagations propres à ce secteur de la rivière (par exemple dans l’estuaire de la Somme). C’est aussi le cas, derrière les côtes à falaise, de toute la région dans laquelle la nappe phréatique est substantiellement abaissée du fait de la destruction par la mer d’une partie du relief initial. De même, il faut y inclure les régions où les mouvements de sédiments mus par le vent sont facilités par la proximité de la côte (vent plus puissant, végétation moins développée, matériau fourni par la plage), de sorte que les dunes littorales sont généralement à englober dans l’arrière-côte.

Au total, la bande côtière se présente donc comme celle où les processus subaériens et les processus sous-marins s’associent, mais où surtout ils sont masqués par des processus propres, qui résultent de l’action, sur la surface de la terre, des mouvements superficiels de la mer et qui aboutissent à la destruction des formes de terrain héritées de systèmes morphogénétiques subaériens ou sous-marins.

Mais toutes les formes héritées ne se prêtent pas également à la destruction, et la mer n’est pas partout également capable d’attaquer le paysage qu’elle envahit: c’est l’inégale vigueur de l’attaque, et l’inégale résistance du paysage, qui déterminent les types de côtes.

2. Les types de côtes

Quelle que soit l’origine des côtes, quelle que soit la part que la mer a prise dans leur façonnement, l’ennoiement en est la caractéristique générale; mais sur certaines côtes dominent les formes de simple submersion, sur d’autres la mer a pu développer des formes construites ou érodées.

La date relativement récente de la submersion flandrienne fait que la plupart des côtes portent nettement les traces du système morphogénétique non marin par lequel le paysage initial avait été façonné. Même là où le modelé actuel peut apparaître comme entièrement marin, c’est simplement parce que le modelé ancien le permettait à cause de sa faible énergie.

Il est donc préférable d’établir la classification des côtes à partir du paysage initial, et, selon l’énergie avec laquelle la mer a pu transformer celui-ci, on distinguera, dans chaque catégorie, des modalités graduées. Mais il faut, du point de vue de leur influence sur les côtes, introduire une distinction fondamentale entre les divers styles morphogénétiques subaériens responsables du modelé antérieur: d’une part ceux où le rôle essentiel est joué par les conditions de structure (au sens strict, c’est-à-dire de répartition des masses résistantes et des masses tendres), et d’autre part ceux où le modelé reflète surtout l’action du climat, ou celle de la lithologie. Dans le premier cas, les contraintes structurales joueront aussi bien pour l’action de la mer que pour l’action subaérienne qui a précédé, et il y aura donc une large continuité entre les deux modelés. Dans le second cas, un facteur exogène de la morphogenèse succède à un autre facteur exogène totalement différent; il n’y a que peu de termes communs entre les deux modes d’action, et du contraste vigoureux entre ces deux types d’action naîtra la gamme très variée des paysages possibles, selon que l’ancien ou le nouveau système domine.

Côtes sans contraintes structurales

Les paysages dont le modelé initial reflétait essentiellement les conditions non structurales sont surtout ceux qui se développent par la submersion de régions façonnées par un système morphoclimatique tel que le modelé glaciaire, le modelé tempéré, le modelé désertique; ou bien ces modelés se développent librement, aux dépens de roches sans personnalité marquée, ou bien les caractères particuliers des roches attaquées (calcaires ou grès, par exemple) marquent le façonnement de nuances si sensibles qu’elles ont autorisé bien des auteurs à parler de modelé calcaire ou de modelé gréseux.

Ennoiement de paysages à modelé zonal

Le grand contraste entre l’action climatique ancienne et l’action marine actuelle rend particulièrement évident le phénomène d’ennoiement. Ce sont là les côtes «initiales» les plus typiques.

La mer peut envahir des paysages glaciaires et périglaciaires.

C’est ainsi que les côtes à fjords (fig. 2) sont considérées comme les plus évidemment «initiales» ou «primaires», celles qui ont le mieux conservé leur morphologie prémarine. Elles sont particulièrement nettes dans les bordures montagneuses, car les auges glaciaires y ont été plus profondément burinées. Leur étroitesse, leurs sinuosités, la faible profondeur de l’entrée liée à des dépôts morainiques frontaux ont empêché les actions marines du large d’y pénétrer, aussi bien que des houles internes de s’y développer. La morphogenèse actuelle est généralement limitée à la constitution de petits deltas au débouché des cours d’eau qui se jettent dans le fjord.

Mais la côte à fjords n’est qu’un cas de côte glaciaire: dans l’avant-pays, par exemple au sein des collines moutonnées par le passage de la glace, le paysage glaciaire était caractérisé par l’accumulation, entre les reliefs, de dépôts morainiques de fond. Ces régions-là, quand elles sont attaquées par la mer, et elles le sont plus que les régions de fjords parce que plus ouvertes vers le large, donnent des côtes contraposées (fig. 3), dans lesquelles les collines de roche en place sont épargnées par l’érosion, tandis que les amas morainiques sont vigoureusement attaqués et déblayés. Ainsi se développent des côtes où l’irrégularisation progressive est la règle. Des côtes de même type se développent aussi là où des moraines frontales (rendues résistantes par leur massivité), des drumlins ou des eskers sont attaqués par la mer: les reliefs les plus hauts résistent longtemps, et une longue phase d’irrégularisation du littoral précède une régularisation éventuelle qui exigerait des périodes bien plus longues que ne le sont généralement les stationnements du niveau de la mer. Il en est de même, dans les paysages à modelé périglaciaire, là où des noyaux résistants de roche en place sont entourés de leurs propres débris, issus de la gélivation: le dégagement des reliefs se fait par évacuation latérale des cailloux, et une côte contraposée se développe. Dans certains cas, les reliefs (par exemple dans des régions granitiques) sont de véritables tors , et on peut alors parler de côtes à tors . Il est tentant de ranger des côtes de ce type parmi les côtes d’ennoiement de paysages à influences structurales prédominantes, puisqu’il s’agit d’une certaine répartition entre les masses de roches dures et les masses rocheuses tendres; mais ces données pseudo-structurales ne sont que le résultat de l’action des climats quaternaires (ou tertiaires quand il s’agit du façonnement, dans le granite, de crypto-reliefs que l’érosion mettra ensuite en valeur), et la mer ne fait ici qu’exploiter des possibilités qui lui ont été préparées par l’action d’un système morphoclimatique particulier.

L’ennoiement peut affecter des paysages tempérés et méditerranéens.

Le modelé dû à l’érosion normale, c’est-à-dire au ruissellement organisé et hiérarchisé habituel dans les régions tempérées, détermine, lorsqu’il est envahi par la mer, une grande variété de types de côtes: c’est selon l’énergie du relief initial que la différenciation se fait, et en particulier en fonction de la profondeur relative des vallées.

Lorsque les vallées sont bien marquées, leur invasion exclusive engendre des côtes à rias . Ce terme général recouvre en réalité une grande variété, car il faut distinguer, pour le moins, un type «galicien» (invasion de vallées montagnardes, profondes, digitées, avec une ria plus large à l’entrée), un type «léonard» (rias étroites, sinueuses, sans tributaires ni digitations, encaissées dans un plateau, dont le prototype est l’Aber-Wrach), et un type «morbihannais» (rias de plaine, de faible profondeur, avec ramifications extrêmes, la majeure partie du bassin versant étant envahie; la baie Chesapeake (fig. 4) en fournit un bel exemple). Les rias de ce dernier type ne gardent leur individualité que dans le cas, somme toute fortuit, où leur débouché sur la mer est rétréci par des conditions structurales. Il est plus courant, dans le cas de plaines ainsi envahies, d’avoir une côte très sinueuse, irrégulière, presque amphibie, où chaque indentation du rivage correspond à un ancien vallon. Dans ce cas, la longévité du modelé prémarin est bien moindre, puisque ces indentations sont largement exposées à l’action de la mer.

Les rias n’existent vraiment comme phénomène de submersion pure que lorsqu’il s’agit de vallées peu importantes, ou, plus précisément, quand la part du bassin versant qui a été envahie est importante. Lorsque, au contraire, il y a invasion de la basse vallée d’un grand fleuve, on ne peut plus parler de ria, parce que le fleuve continue à jouer un rôle morphologique important, en coopérant avec la mer et non en se juxtaposant à elle: ces embouchures ennoyées évoluent en effet relativement vite, sous la double influence des fournitures de sédiment (par le fleuve et par la dérive littorale) et des redistributions de sédiments par les actions marines (courants de marée et dérive littorale). Aussi plusieurs types d’embouchures se développent-ils rapidement aux dépens de ces formes initiales: les estuaires, surtout dans les mers à marée et au débouché des fleuves à faibles apports solides; les deltas, surtout dans les mers sans marée et au débouché de fleuves chargés; des formes intermédiaires entre estuaires et deltas, dans des cas comme ceux du Sénégal, de l’Amazone ou du Rhin.

Quant aux interfluves, basses collines ou plaines, leur invasion entraîne, initialement, l’installation de la mer le long d’une courbe de niveau du relief antérieur, mais cette courbe de niveau est fort sinueuse, dans le cas des collines du moins, et le rivage très irrégulier peut subir ensuite plusieurs types d’évolution, selon que la pente de la partie submergée de la plaine est forte ou faible: si cette pente est si faible que la compétence des houles est presque entièrement consacrée au balayage de l’avant-côte, il y a, en avant du littoral de submersion, construction d’accumulations littorales, cordons, flèches, etc., qui ferment plus ou moins complètement des lagunes et permettent au littoral de submersion de rester à peu près intact. Dans cette position abritée – et il en est de même quand l’abri résulte simplement de la complication du relief submergé – il y a, selon les apports éoliens, continentaux ou marins, un remblaiement plus ou moins marqué des rentrants. Parfois ce remblaiement est pratiquement négligeable, et la côte ainsi protégée garde longtemps son aspect de littoral récemment submergé. Plus souvent, les lagunes sont peu à peu comblées, mais seulement jusqu’au niveau des plus hautes mers (à cause du rôle important joué par la marée dans ce processus) et un marais vient se construire devant la côte de submersion. C’est, par exemple, ce qui s’est produit derrière les flèches littorales de l’Île-Tudy et de Mousterlin (fig. 5), de part et d’autre de Bénodet (Finistère), où les lagunes ont fait place ici à un marais, là à des cultures (après drainage). Tantôt les constructions se font par accrochage aux points saillants de la côte initiale, tantôt au contraire elles sont nettement détachées par rapport à ce rivage initial, et sont construites à plusieurs kilomètres en avant. C’est le cas sur la majeure partie de la longueur de la plaine atlantique des États-Unis, surtout devant les côtes de Caroline du Nord, où le cordon littoral, qui ferme les larges rias d’Albemarle, de Pamlico et de Neuse, se situe souvent entre 5 et 30 kilomètres du rivage initial. Ces cordons littoraux bien détachés du rivage initial sont d’ailleurs nécessairement rompus de place en place pour le passage des eaux dans un sens ou dans l’autre, de sorte qu’on a affaire à des îles-barrières , avec cette nuance que, particulièrement sur les côtes atlantiques des États-Unis (fig. 6), il peut y avoir, le long d’un littoral, plusieurs générations d’îles-barrières parallèles les unes aux autres; les plus anciennes (qui sont généralement les plus élevées) représentent des stationnements interglaciaires du niveau de la mer, et seule la génération externe est due à la morphogenèse holocène.

Lorsque, ce qui est le cas le plus fréquent, ces cordons littoraux sont faits de sable, ils prennent aisément l’aspect de dunes. Si les apports de sable persistent, les dunes se surélèvent, se rejoignent, barrent la majeure partie des fleuves côtiers, et obligent les eaux à s’écouler derrière elles. La côte des Landes de Gascogne (fig. 1) est un type achevé de côte dunaire , puisque les dunes y atteignent 100 mètres de haut, et y forment, sur plus de 200 kilomètres de long, une côte rectiligne qui n’est interrompue que par le bassin d’Arcachon, tandis que la ligne des dunes ne connaît, outre celle-là, d’autre interruption que celle des courants de Mimizan, de Contis, d’Huchet et de Soustons. De telles dunes peuvent, à leur tour, être l’objet d’une submersion marine, et l’on obtient alors un littoral comme celui des îles de la Frise, où chaque massif dunaire, attaqué à ses extrémités, a pris un plan ovale, mais où la ligne générale du rivage initial est encore discernable.

La mer peut aussi envahir des paysages désertiques.

Lors de la submersion, elle s’insinue entre les dunes, puis les vagues (et le manque de compacité du matériau permet même à des houles internes d’agir) attaquent les dunes et les étalent; les dunes les plus exposées aux houles du large fournissent des matériaux à l’édification de cordons littoraux, et le terme de l’évolution est l’abandon par la mer des sebkhas formées en premier lieu par la régularisation des cuvettes interdunaires, tandis que se constituent de longs et réguliers cordons, rarement interrompus par des passes, parce qu’il n’y a pas d’eaux continentales à laisser sortir, et que les tempêtes des latitudes subtropicales sont rarement assez fortes pour rompre les cordons; de plus, ce sont les courants de marée qui maintiennent ouvertes les ruptures de cordons; or, beaucoup de côtes désertiques se trouvent, comme celles du Sahara occidental, le long de mers à faibles marées. C’est ce qui assure la différence, si frappante, entre les cordons littoraux des zones désertiques et ceux, fréquemment rompus, des zones tempérées (plaine atlantique des États-Unis) ou tropicales (Côte-d’Ivoire).

Ennoiement de paysages à modelé dominé par la lithologie

Les divers styles de morphogenèse qui se rencontrent dans les zones climatiques précédemment envisagées subissent, quand il s’exercent sur certaines roches, des modifications substantielles qui se retrouvent dans les côtes susceptibles de se développer par leur ennoiement.

Par exemple, dans un matériau à la fois compact, perméable et soluble, comme le calcaire, la morphogenèse subaérienne est dominée par la coexistence de la perméabilité et de la solubilité. C’est dire que l’action de la mer ne pourra absolument pas prendre la suite de l’action subaérienne: tout étant gorgé d’eau, il n’y a plus de perméabilité efficace; quant à la solubilité, ses conditions sont complètement modifiées, puisque, d’une part, elle ne peut plus s’exercer qu’en surface, et que, d’autre part, elle ne reçoit plus cet adjuvant qu’était le gaz carbonique de l’atmosphère du sol. Il en résulte qu’à une action morphogénétique où se combinaient les dissolutions souterraines et superficielles succède une action essentiellement mécanique, où la dissolution, sans être absente, n’intéresse pratiquement plus qu’un seul niveau, celui des hautes mers, et se limite à la confection de cuvettes sur l’estran. Autant nombre de calcaires sont presque indifférents aux actions mécaniques subaériennes (hormis le fractionnement par le gel, ou gélifraction, qui ne peut avoir une très grande ampleur faute d’évacuation des débris), autant ils sont sensibles au sapement par les houles. Il en résulte que les processus morphogénétiques changent complètement de nature du fait de la submersion partielle du paysage: c’est ce qui explique la hauteur des falaises en milieu calcaire: rien n’avait préparé le paysage à une action mécanique, et l’introduction du sapement est une véritable révolution morphologique.

À côté de ces côtes à falaises , développées dans des calcaires assez sensibles à l’action mécanique de la mer, on trouve des côtes à calanques (fig. 7), résultant de la submersion de vallées encaissées développées dans des calcaires très résistants, par le jeu conjugué de l’effondrement des voûtes de cavités souterraines, et de la coalescence de ces effondrements sous l’influence de la gélifraction. Là, l’action mécanique est limitée à la partie externe des calanques, et la résistance du calcaire fait que le recul est négligeable. À cause de l’étroitesse de l’entrée, les parties les plus reculées des calanques sont pratiquement protégées contre toute action marine, et on peut ranger les côtes à calanques parmi les formes «initiales».

Dans d’autres régions, une karstification plus intense a abouti à la formation de karst à tours. Dans ce cas, la submersion du karst n’entraîne une attaque de la mer que sur les tours externes, sapées à la base, avec une encoche qui ne provoque le développement de falaises que si le calcaire est déjà fissuré. Les tours internes, au contraire, protégées contre les houles du large, ne subissent pratiquement plus aucune action marine, sauf une dissolution modérée au niveau des hautes mers. Le plus beau cas d’un karst à tours submergé est, sans conteste, la baie d’Along. Côtes à falaises, côtes à calanques, côtes à karst submergé sont donc trois des aspects des côtes calcaires. Leur répartition est déterminée, au moins en partie, par des conditions zonales: le karst à tours semble être un phénomène tropical, les «vallées» génératrices de calanques un phénomène lié à un gel quaternaire, les falaises un phénomène lié à la morphogenèse tempérée, du moins lorsqu’elles se développent dans des calcaires tendres.

Côtes d’émersion

Un tout autre type de paysage sans contraintes structurales est celui qui se développe en milieu sous-marin. La rareté relative des côtes d’émersion, à l’heure actuelle, fait souvent négliger cette catégorie. Mais elle n’en est pas moins importante, au moins au point de vue théorique: il y a le même contraste entre le modelé littoral et le modelé sous-marin qu’entre le modelé littoral et le modelé subaérien zonal, ce qui confirme le fait que ce n’est pas la présence de la mer qui fait l’originalité des côtes, mais la présence de l’intersection de l’interface air-mer avec l’interface air-terre. La côte n’est pas la partie visible de la morphogenèse marine, c’est le lieu d’une morphogenèse tout à fait particulière, celle d’un contact privilégié.

Le modelé sous-marin se caractérise par l’opposition très nette de deux types: d’une part le nettoyage intégral des fonds, ne laissant que les éléments compacts, parfaitement libres de toute particule sédimentaire, d’autre part la sédimentation, vaseuse ou sableuse, nappant tout selon un profil d’équilibre qui varie selon le matériau, mais qui, pour chaque matériau, est constant sur de grandes surfaces. Les régions d’émersion ont donc des côtes de deux types. Les unes sont des côtes rocheuses étonnamment débarrassées de tout élément sableux ou vaseux. C’est le cas, par exemple, des côtes suédoises de la mer Baltique, où les avant-côtes récemment soumises à l’action de houles courtes, mais vives, étaient libres de sédiment: leur émersion sous l’effet de mouvements isostasiques porte à émerger des roches moutonnées. Un paysage du même genre se trouve en certains points assez battus de la rive nord du Saint-Laurent, autour de Tadoussac. L’autre type de côtes d’émersion est constitué de fonds sédimentaires, suffisamment protégés pour avoir réussi à se maintenir comme tels pendant leur séjour dans la zone de faible profondeur où agissent les vagues, et qui, lors de leur émersion, apparaissent comme de grandes plaines, beaucoup plus régulières que les plaines nées de morphogenèses terrestres. Alors que les côtes rocheuses d’émersion vont rester intactes parce que la roche étant nue ne peut plus être attaquée par les vagues, les côtes d’émersion de plaines sont protégées par les mêmes abris qui ont permis que l’émersion se fasse sans destruction de la plaine, et elles vont même souvent continuer à s’«engraisser» dans cette situation littorale. Il en est ainsi le long du bras de Saint-Laurent qui passe au nord de l’île d’Orléans: la plaine littorale, issue d’une sédimentation sous-marine, progresse aux dépens du fleuve, à la fois parce que le soulèvement se poursuit et parce que la sédimentation vaseuse continue.

Dans d’autres cas, le paysage issu du modelé sous-marin est altéré: soit par sédimentation au milieu des roches, soit par érosion de la plaine. Ce dernier cas est réalisé lorsqu’une plaine sous-marine d’accumulation qui ne se prolongeait pas très loin vers le large a été soulevée à tel point que le talus d’écroulement qui la limitait du côté du large s’est trouvé émergé à son tour: il peut alors être attaqué en falaise, et on observe l’étonnant contraste entre une plaine d’une parfaite planéité et une falaise quasi verticale en recul rapide, toutes deux issues de la morphogenèse marine.

Côtes de submersion de formes littorales construites

La mer peut aussi remanier ses propres constructions, à la suite d’une surélévation de son niveau: ses anciens littoraux servent de base au développement de formes nouvelles, comme on l’a vu pour les îles de la Frise. Le cas le plus spectaculaire d’un tel processus est certainement celui des côtes coralliennes, dans lesquelles les constructions nouvelles se développent à partir des constructions anciennes sans occuper nécessairement la même position par rapport à une éventuelle terre ferme. C’est le processus classique de la formation de récifs barrières à partir de la submersion de récifs frangeants.

Côtes structurales

On désigne sous ce nom les types de côtes dans lesquelles les conditions structurales au sens strict (stratigraphie et tectonique) ont déterminé les modelés initiaux, et continuent à déterminer le modelé marin. Dans ces cas, les styles de morphogenèse ne sont certes pas inapparents; mais ils ne jouent qu’un rôle réduit, et l’aspect du paysage réflète surtout la répartition des roches dures et des roches tendres. Ces côtes structurales comportent toujours au moins d’importantes parties rocheuses, mais elles ne se confondent pas du tout avec la notion de «côte rocheuse», car sous cette notion on range aussi les côtes à falaises, à calanques, à rias, etc., qui ne sont pas soumises à une influence déterminante de la structure.

Les divers types de reliefs structuraux offrent des cas où l’exploitation des données structurales a été opérée par la mer et d’autres cas, bien plus nombreux, où elle a été faite successivement (voire simultanément) par les processus littoraux et par les processus subaériens.

Côtes en structure concordante peu inclinée

Dans ces types de structure, on sait que les différences de résistance des divers matériaux affectent des strates se succédant en concordance. L’exploitation des différences de résistance par les agents subaériens donne des reliefs comme les cuestas ou les corniches. Ces alternances de dureté jouent, sur le littoral, de plusieurs façons: parfois à l’échelle d’une région tout entière, en déterminant quelles côtes seront à falaises et quelles autres seront basses (les littoraux de Normandie ou des Charentes offrent des successions de plusieurs types de côtes ainsi explicables); parfois, c’est au contraire en hauteur que les couches alternées jouent sur l’aspect du littoral (les falaises faites de plusieurs roches superposées sont bien connues, et elles offrent des aspects très particuliers, comme le font celles des Vaches Noires, près de Houlgate, dans le Calvados); mais il arrive aussi que la mer ne retouche que très peu les formes de terrains dues aux alternances de roches en structure concordante, et qu’elle se borne à ennoyer un relief de cuestas (c’est, par exemple, le cas des cuestas siluriennes qui forment, l’une la côte ouest de Gotland, en mer Baltique, l’autre l’île Manitoulin, dans le lac Huron).

Côtes exploitant des failles

La plupart des côtes océaniques sont issues, indirectement, des grandes failles qui limitent les continents; mais ces failles sont rarement simples, et le plus souvent le précontinent est haché d’un système de failles parallèles à l’escarpement continental ou légèrement obliques. Le jeu, lors de chaque régression et transgression quaternaire, de surcharges et de décharges successives du plateau continental, alors que la charge du continent ne variait guère, a d’ailleurs favorisé les failles installées à proximité du littoral, de sorte que les côtes faillées sont très nombreuses (fig. 8). Le plus souvent, il s’agit d’un réseau de failles sécantes, qui déterminent des compartiments affaissés ou basculés tels que l’on voit tantôt la plate-forme à écueils plonger doucement sous la mer, tantôt au contraire le contact se faire par une falaise, comme à Groix où la partie ouest de la côte sud est à pic, et la partie est, en pente régulière vers la mer. Lorsque les failles sont plus ou moins obliques par rapport au tracé général de la côte, elles déterminent des côtes à redans , parfois exploitées par les houles d’une façon différente pour chaque secteur, de telle sorte que les côtes tracées selon l’une des orientations sont rocheuses et abruptes, celles qui suivent l’autre orientation sont ensablées. Il arrive d’ailleurs, d’une façon très générale, que l’exploitation des failles par la mer fasse suite à l’exploitation des mêmes failles par le modelé subaérien: c’est ainsi que la plupart des côtes à fjords (fig. 2), affectant des régions fortement faillées, présentent des plans quadrillés qui reflètent les grandes directions tectoniques de la région.

Côtes installées dans un relief en structure plissée

Cette influence de la structure est encore plus nette quand il s’agit de structure plissée; en effet, les contrastes lithologiques sont souvent plus vigoureux dans une structure plissée qu’entre les deux lèvres d’une faille. On voit donc ces contrastes, souvent mis en valeur d’abord par l’érosion subaérienne, continuer à être exploités par la mer, parfois sans qu’on puisse discerner à coup sûr la part de chaque agent dans le dégagement de telle forme structurale.

On connaît, par exemple, la façon dont la côte dalmate résulte de l’ennoiement d’un relief de style jurassien (fig. 9). En fait, la complication des chenaux est telle qu’actuellement nulle part la mer n’agit avec beaucoup d’intensité; mais si les houles intérieures à chaque canal étaient assez fortes, la mer ne pourrait que continuer à creuser dans les roches tendres des synclinaux, en respectant les roches dures des anticlinaux: elle ferait, en somme, de la contraposition.

Lorsque, au lieu d’un style jurassien, il s’agit d’un relief appalachien, les influences structurales sont encore plus émiettantes: chaque banc de roches dures engendre en effet une chaîne d’îles, moins massives que celles qui résultent d’un anticlinal en relief jurassien, parce que le banc dur est déjà très démantelé par l’érosion subaérienne. Les plus beaux exemples de reliefs appalachiens ainsi ennoyés se trouvent sur la côte de l’État du Maine, aux États-Unis, où la structure est, dans l’ensemble, parallèle au tracé d’ensemble de la côte, situation particulièrement favorable au dégagement de belles traînées d’îles (fig. 10). Des reliefs appalachiens de même style, ennoyés, existent aussi sur la côte sud de la Bretagne et sur la côte sud de l’Irlande.

Côtes volcaniques

Les volcans étant souvent proches de la mer, les côtes volcaniques sont fréquentes: beaucoup d’îles ont une origine totalement volcanique, soit que chaque volcan donne une île (comme celle de Surtsey, récemment née au sud de l’Islande), soit qu’un groupe de volcans forme une grande île (comme aux Hawaii), soit encore qu’un seul volcan, ayant explosé, laisse à sa place un groupe d’îles: ces îles de caldeira , disposées en cercle autour de l’emplacement du volcan, peuvent former de bonnes rades, comme c’est le cas pour Santorin, ou pour les îles de Los, au large de Conakry. Quant aux volcans littoraux, ils présentent des formes analogues; fréquemment, même sans explosion, les reliefs sont annulaires, car telle ou telle émission volcanique ayant donné des dépôts plus compacts (par exemple des laves, recouvrant des tufs), il existe des contrastes lithologiques exploitables aussi bien par l’érosion subaérienne que par l’érosion marine. C’est le cas dans la région de Pouzzoles, où les innombrables petits volcans ont donné naissance à une côte complexe dont les anses sont les centres des anciens volcans, et les promontoires les lambeaux de couches de laves (fig. 11).

3. L’homme et la côte

Dans la plupart des pays, les côtes sont plus densément peuplées que l’intérieur des terres. Les fortes densités diffuses dans toute la région littorale s’expliquent parce qu’aux ressources propres de la région (souvent supérieures à celles de l’intérieur, du fait d’un climat plus régulier) s’ajoutent celles de la mer ou de l’estran. Mais, de plus, les ports constituent de grandes concentrations de population, qui ne sont qu’en partie justifiées par le trafic portuaire lui-même et les industries associées, le reste résultant d’un effet induit: le rôle de capitale régionale que tend à jouer une ville déjà puissante par ses activités propres.

Traditionnellement, la côte fournit leur subsistance à des groupes humains qui ont adapté leur genre de vie aux ressources particulières de ce milieu: ressources de l’estran, comme la «pêche à pied» ou l’extraction du sel; ressources de la mer, sous la forme de la pêche côtière; mais aussi ressources propres au milieu terrestre influencé par la mer: primeurs des littoraux où il ne gèle pas, produits des polders conquis sur d’anciens marais. Les ressources de l’estran et de la mer proche sont appelées à nourrir de plus en plus d’êtres humains: les techniques de déprédation font progressivement place à des techniques plus «agricoles», avec une appropriation de l’espace marin, et l’organisation de la reproduction des plantes et des animaux. L’ostréiculture et la mytiliculture sont, en France, des branches bien développées de l’aquaculture qui joue un rôle très important depuis longtemps, comme elle le fait au Japon, où l’élevage des huîtres perlières, la culture des algues et l’organisation par l’homme des conditions de vie et de reproduction des poissons ont augmenté considérablement la production des régions côtières.

La pêche au large est encore loin d’atteindre un tel stade de rationalisation: elle n’est que déprédation sur des territoires non appropriés. Elle apporte pourtant aux populations littorales des ressources non négligeables, qu’elle s’exerce dans des régions relativement proches ou, au contraire, dans des eaux très éloignées. Son évolution actuelle tend cependant à relâcher les liens anciens entre une résidence littorale et une activité de pêche: la concentration des marchés du poisson élimine peu à peu les petits ports; beaucoup ne sont plus aujourd’hui que des ports d’armement auxquels échappent toutes les ressources induites nées de la commercialisation des produits de la pêche. Contrairement à l’exploitation du littoral, qui continue à favoriser de fortes densités tout au long de la frange côtière, la pêche lointaine ou hauturière favorise une concentration de la population autour des principaux ports.

Il en est de même des échanges internationaux: alors qu’autrefois de petits ports pouvaient y jouer leur rôle, ces échanges sont aujourd’hui concentrés dans de puissants organismes portuaires, équipés à grands frais dans des sites privilégiés, et les industries lourdes sont incitées à se grouper autour de ces villes par la convergence des voies de communication avec l’intérieur. Même les ports de guerre, dont l’importance réside dans les emplois qu’ils créent, participent à cette concentration progressive de la population dans les grandes villes côtières.

Pourtant, bien que cette tendance à la concentration soit actuellement dominante, on entrevoit une tendance contraire, vers une dispersion de la population tout au long de la frange côtière, rejoignant de cette façon les pratiques traditionnelles: la «civilisation des loisirs» amène des estivants de plus en plus nombreux sur les plages, tandis que bien des retraités viennent finir leurs jours sur la côte; il en est de même de la navigation de plaisance. Mais la séduction des côtes dépasse déjà largement le cadre étroit des loisirs de l’homme d’aujourd’hui: avec le slogan «Travaillez sur les lieux de vos vacances», les régions littorales attirent des industries propres, sans lien avec les matières premières pondéreuses, sans lien non plus avec les grands ports. Au seuil d’une époque où les industries sont appelées à se disperser, les côtes sont mieux placées que bien d’autres régions pour recevoir les installations industrielles les plus intéressantes.

Aussi la tendance encore dominante à la concentration de la population dans les grands ports est-elle appelée à faire bientôt place à une nouvelle dispersion, le long de l’ensemble des côtes, des zones à fort peuplement humain: ainsi se vérifie la loi selon laquelle les régions de contacts sont les plus attractives pour l’homme.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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